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Un petit clou et sa chère liste de clips

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Un pré-roll skippable précéde la lecture d'un clip rattaché à une playlist Youtube. Capture du 8 décembre 2013.

Un pré-roll skippable précéde la lecture d'un clip rattaché à une playlist Youtube. Capture du 8 décembre 2013.

Souhaitant entamer une collection de clips à visionner en streaming de temps à autres, j’ai opté dans un premier temps pour la création d’une playlist Youtube. Mais j’ai fini par écarter la célèbre plateforme de vidéos de Google en tant que lieu de collecte pour étudier deux alternatives récentes : les sites Vevo.com et Siz.io.

Au départ, un caprice numérique un peu confus

J’ai commencé par créer une playlist de clips vidéo sur Youtube [1]. Non pas pour la partager, mais pour mon usage personnel. Cette création fait suite à la lecture d’un article sur Numerama sur les contenus et l’utilisation de la plateforme de vidéos de Google [2]. L’article me rappelait que Youtube est avant tout utilisée pour visionner des clips (ce n’est pas une nouveauté). J’ai alors voulu me constituer une collection de clips officiels en ligne, que je pourrai avoir sous la main presque n’importe quand, sans avoir à produire un effort de recherche à chaque fois que j’éprouve un besoin de voir des clips.

Il fallait sans doute que cette idée de playlist de clips me vienne un jour. J’appartiens à une génération qui a pris de plein fouet au sortir de l’enfance le fameux clip Thriller de Michael Jackson, mi-traumatisée, mi-fascinée. Adolescente, cette génération a ensuite été bercée par cette émission télévisée de Canal plus, le Top 50. Son présentateur phare, Marc Toesca, l’introduisait d’un rituel « Salut les p’tits clous » (de 1984 à 1991) avant de remonter à coups de clips vers le sommet du hit-parade des ventes de la semaine. Pour une part importante de cette première génération et les suivantes, lourdement exposées aux clips, ces derniers représentent probablement, comme pour moi, des compléments visuels plus ou moins intéressants et mémorables, à un titre ou à un autre, dans l’appréhension de l’univers d’une chanson ou, plus globalement, d’un artiste ou d’un groupe.

Au départ, je n’avais pas encore l’esprit très clair sur mes besoins, ni sur mes contraintes. Je n’avais pas rédigé de cahier des charges. Je verrai bien. Je savais confusément que je ne paierai jamais pour ça, ou alors peu et juste une fois, à la rigueur. De prime abord, mon projet de playlist consistait moins à découvrir de nouveaux talents que d’archiver et consulter à l’envi des clips du passé, d’un passé plus ou moins ancien. Un peu comme on choisit d’écouter RTL2.

Une playlist vidéo jalonnée de refrains et… de slogans

Je savais que l’expérience de la liste de clips comporterait des limites, surtout en choisissant Youtube. Je savais que je ne pourrai pas importer dans cette playlist des clips issus d’autres plateformes de vidéos. Et bien sûr, je savais que je collecterai quasi-exclusivement mainstream, a fortiori en optant pour des clips officiels autant que possible. Youtube m’apparaissait cependant comme une solution pratique et attrayante, et qui plus est une source importante de clips, où manifestement beaucoup de monde va se servir tous les jours. Autre atout appréciable de Youtube, les propositions de vidéos en marge droite, associées à la vidéo en cours de consultation ; grâce à elles, j’ai rapidement retrouvé nombre de clips avant même de penser à les rechercher.

Mais ma gêne principale sur Youtube, grandement sous-estimée, s’est avérée être la publicité ; il faut dire que je ne ne suis qu’un utilisateur occasionnel de la plateforme. En particulier, cette publicité vidéo appelée pré-roll, greffée au début d’un clip sur trois ou quatre parmi ceux que j’ai ajoutés dans ma playlist, est aussi plaisante qu’un cheveu dans la soupe. La publicité au début des vidéos qui, du fait de son efficacité [3], tend à se systématiser [4], vient réduire considérablement – pour ne pas dire annuler – l’agrément de l’enchaînement automatique des clips de ma playlist. Selon Sean Blanchfield de Pagefair, une structure qui observe le blocage de publicités en ligne, « la plupart des internautes installent des outils de blocage de publicités en raison de la publicité vidéo. L’adoption massive de ces outils vient de là » [5]. Je ne suis pas surpris, bien qu’il faille sans doute distinguer les publicités vidéo périphériques au contenu désiré et celles qui, comme sur Youtube, obligent à patienter ou cliquer avant de voir la vidéo voulue. Cette dernière est particulièrement peu supportable.

J’aurais abandonné encore plus vite ma playlist Youtube si la publicité y prenait toujours la forme de pré-rolls de vingt secondes minimum. Heureusement, souvent, nombre d’entre eux débutent par une autre forme de publicité, qu’on peut interrompre au bout de cinq secondes (les pré-rolls skippables, en bon français). Ce format, recommandé paraît-il par Youtube, est déjà plus supportable. Mais il impose tout de même une proximité avec le terminal utilisé : je dois pouvoir stopper la publicité chaque fois que j’en ai la possibilité et dès que possible. Ponctuellement, en cours de lecture, je dois également supprimer quelques cadres sur les images, qui m’invitent à m’abonner à une chaîne, à aller voir tel autre clip, etc. Bref, skippable ou pas, j’allais tout de même laisser franchement de côté ma playlist Youtube.

Sur Vevo.com, un peu plus près des majors

Un pré-roll (incontournable) de 30 secondes sur Vevo.com avant la lecture d'un clip appartenant à une playlist. Capture du 8 décembre 2013.

Un pré-roll (incontournable) de 30 secondes sur Vevo.com avant la lecture d'un clip appartenant à une playlist. Capture du 8 décembre 2013.

De très nombreux clips officiels proposés sur Youtube ont pour éditeur Vevo. Cette plateforme dédiée à la vidéo musicale a été lancée en décembre 2009 aux États-Unis par deux des trois majors, Universal Music Group et Sony Music Entertainment (avec Abu Dhabi Media), pour rentabiliser et mieux maîtriser la diffusion de leurs contenus [6]. Depuis la mi-novembre 2012, le catalogue de vidéos Vevo n’est plus seulement disponible en France via le partenaire Youtube, mais aussi directement par le site Vevo.com [7]. L’internaute peut y trouver des dizaines de milliers de clips, concerts et autres vidéos d’artistes français ou internationaux. Il est notamment possible, moyennant inscription, de se créer des playlists. J’ai supposé qu’une fois l’intermédiaire généraliste et gourmand Youtube mis de côté, les modalités de proposition de clips seraient peut-être un peu plus adaptées à mon besoin sur Vevo.com. Et plus légères en publicité.

J’y ai certes trouvé quelques bonnes surprises en termes de contenus disponibles et j’ai vu des clips aux images de meilleure qualité qu’ailleurs, bien que le full HD me semble mieux s’afficher sur Youtube. Certaines traductions sont encore manquantes et le nombre de vidéos disponibles pour tel ou tel artiste n’est pas toujours le même, selon la page où l’on se trouve. Le site a encore des lacunes surprenantes : pas plus d’une douzaine de vidéos pour Madonna, contre déjà 99 pour Lady Gaga. En outre, les vidéos mettent parfois du temps à avancer de façon fluide, et leur affichage semble faire les frais d’un certain manque de débit disponible. Autre problème fâcheux pour mon petit projet, en me reconnectant à mon compte Vevo après quelques heures, ma playlist test avait disparu.

Côté publicité, le matraquage est légèrement pire que sur Youtube : toutes les dix minutes, tandis que ma playlist enchaîne les clips sélectionnés, il faudra systématiquement endurer un incontourbable pré-roll de 30 longues secondes dès le nouveau lancement d’une vidéo. Comme pour assurer notre ennui, seules deux publicités sont proposées. En complément, au lancement de chaque vidéo, un petit cadre en bas de frame apparaît toujours quelques secondes, qui empêche le déploiement du menu escamotable de ma playlist.

Reconnaissons cette vertu à la publicité sur Internet : elle fait beaucoup réfléchir. Suis-je prêt à endurer tout cela ? Cela en vaut-il vraiment la peine ? J’ai assez vite fini par me dire que le choix de Vevo.com pour y implanter ma playlist pouvait poser un sérieux problème de catalogue. Si les majors sont sans doute les principales pourvoyeuses de clips, il n’est pas certain que tous les clips que je souhaiterai ajouter à ma playlist relèveront d’elles, ni des deux seules majors derrière Vevo. La solution serait au contraire dans la prise de distance, l’autonomie et l’accès à une multiplicité de sources, plus encore que sur Youtube. Mais comment faire ? J’ai bien tenté un temps d’enregistrer des liens vers des clips sous la forme de favoris en ligne – sur Diigo. Mais cela revient à se passer d’aperçu, à mener un patient et rigoureux travail préalable d’indexation et à passer de source en source pour visionner les clips. Je n’étais pas disposé à tout cela. J’ai appuyé sur pause.

Siz.io ouvre des possibles en matière de curation de vidéos

Lecture sans publicité d'une vidéo appartenant à une shortlist Siz.io. Capture du 8 décembre 2013.

Lecture sans publicité d'une vidéo appartenant à une shortlist Siz.io. Capture du 8 décembre 2013.

Et puis, par le biais de ma veille en ligne, j’ai découvert le tout nouveau site Siz.io (non, ce billet n’a pas été sponsorisé !). Ce site est en anglais mais son utilisation est assez simple. Gratuit, il permet de se créer des « shortlists » de vidéos issues non seulement de Youtube, mais aussi de Dailymotion ou encore de Vimeo (Instagram et Vine sont aussi supportés). Il est donc possible de ratisser large, ce qui me semble encore très intéressant actuellement.

Autre intérêt de Siz – compte tenu de mes besoins : les publicités associées aux vidéos sur Youtube ou Dailymotion sont ici soit absentes, soit beaucoup moins présentes : les mêmes clips, issus des mêmes sources, voient leur pré-rolls devenir, plus courts, skippables, ou ils sont remplacés par un simple cadre publicitaire escamotable en cours de clip. Siz exploite la fonction de partage hors-plateforme des vidéos, sous la forme d’un lecteur qu’on peut faire apparaître un peu où on veut (page de site, réseau social…). Or lorsque cette fonction de lecture hors plateforme est utilisée, la publicité se fait plus légère, voire absente. Rappelons que 60 % des consultations de vidéos Youtube se feraient hors de Youtube [8].

La shortlist de Siz n’est pas exempte de défauts. Actuellement, la limite la plus gênante de Siz au regard de mes besoins est sa rigidité : impossible de faire en sorte que la lecture des clips s’enchaîne automatiquement, contrairement aux playlists de Youtube ou Vevo ; à chaque fin de lecture d’un clip, il faut aller cliquer sur un autre. Impossible aussi de renommer ma shortlist ou de réorganiser l’ordre de mes clips. Mais Siz est récent ; ces limites sont peut-être temporaires. Déjà, l’outil me semble un peu trop beau. En particulier, assez étonnamment, j’ai une pensée tenace pour les ayants droits, tout particulièrement pour les jeunes artistes. J’ai envoyé quelques questions par e-mail au staff de Siz à propos de leur formule publicitaire, en me présentant comme un blogueur susceptible de citer leurs propos. Une personne de Siz me répond :

« Nous n’intervenons pas sur l’intégration de pré-roll et dépendons complètement des plateformes de vidéos sur ce point. Par ailleurs, Siz n’est qu’un site de curation de vidéos, et représente pour les créateurs de vidéos un moyen gratuit de promouvoir leurs vidéos [...] et de créer de l’engagement autour de leur contenu. Il faut donc voir le site comme un moyen pour les ayants droit de générer plus de ressources publicitaires. Notre stratégie publicitaire n’est pas à l’ordre du jour, nous nous concentrons sur l’acquisition de nouveaux utilisateurs, sachez néanmoins qu’il n’y aura jamais de publicité intégrée au dessus des vidéos (type pré-roll) ni même de bannière publicitaire ».

Siz peut donc proposer des contenus hébergés ailleurs, allégés voire expurgés de toute publicité, en toute légalité semble-t-il, le tout en cherchant à faciliter la découverte de jeunes pousses musicales. Cependant, je ne suis qu’à moitié convaincu de l’innocence des propos tenus : comment Siz, en permettant de générer des listes de vidéos à voilure publicitaire réduite, peut-il prétendre « générer plus de ressources publicitaires » ?

Les vertus de l’autonomie

Mais je dois admettre qu’évidemment, de mon point de vue, l’offre Siz est fort séduisante. J’ai donc décidé d’approfondir son utilisation, avec ses atouts et ses handicaps, bien que doutant que son recours astucieux aux lecteurs externes convienne aux ayants droit du monde du clip en ligne. Pour autant, je ne suis pas assez amateur de pré-rolls pour me les imposer alors que je peux les éviter et respecter les conditions d’utilisation des plateformes de vidéos. Si les formats publicitaires pratiqués sur Youtube et Vevo.com sont jugés satisfaisants, ce point de vue est d’abord celui des annonceurs et des ayants droit. Quid de celui des internautes ?

Quoi qu’il en soit, Siz m’intéresse avant tout en raison de la précieuse possibilité d’importer des liens vers clips issus de diverses plateformes de vidéos, directement visionnables sur un seul et même site.

Note(s) :
  1. Une playlist sur Youtube permet à un(e) inscrit(e) de rassembler des vidéos dans un ensemble nommable, de les ordonner à l’envi sous ce nom, puis de les visionner (ou de les donner à visionner) selon ses choix, isolément ou les unes à la suite des autres, automatiquement ou non.
  2. Julien L., « La Hadopi passe YouTube à la moulinette », Numerama.com, 21 mars 2013.
  3. Cf. Cécile Barbière, « La publicité vidéo s’impose dans le display », Strategies.fr, 18 novembre 2010. On explique également sur le site de l’IAB France que « de tous les formats publicitaires sur Internet, les publicités vidéo ont de loin le meilleur taux de clic » et que « les publicités vidéo fonctionnent le mieux avec des jeux, de la musique ou des médias en vision “streaming” et les sites orientés enfants ou famille ».
  4. « Internet : les spots de pub diffusés avant les vidéos se généralisent », Leparisien.fr, 10 octobre 2013.
  5. Dave Lee, “Is it ethical to block adverts online?”, Bbc.co.uk, 5 décembre 2013.
  6. Thomas Bécard, « Vevo, un robinet à clips musicalement correct », Telerama.fr, 15 décembre 2009.
  7. Benjamin Ferran, « Le site de musique Vevo débarque en France », Lefigaro.fr, 15 novembre 2012.
  8. Olivier Duffez, « Plein de chiffres sur le site de vidéos YouTube.com », Webrankinfo.com, 25 mai 2013.

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